You're My Brightest Star ★

[Ce RP se passe 8 ans après l'ordre 66, au quatrième mois. Oliver a 32 mois, donc 2 ans et 8 mois]

Il n'y a rien de plus merveilleux au monde qu'être père. Avoir un enfant, un vrai petit truc vivant, qui bouge, qui parle, qui sourit et qui rigole, c'est émouvant à un point que l'on ne peut pas imaginer. Non, il faut le vivre pour comprendre. Alors, justement, c'était cette perspective de "vie", d'avenir, de futur, qui venait compliquer l'affaire. Surtout lorsque le père en question est totalement tétanisé à l'idée du futur. Pourquoi ? Car toute sa vie s'est écroulée en quelques heures lors de cet horrible ordre 66. Plus rien. Il avait tout perdu : l'espoir, la confiance, la notoriété, son padawan... En fait, à ce moment là, il ne voulait pas essayer d'aller de l'avant et de recommencer à vivre. Juste rester là. Ne rien faire sinon s'apitoyer sur son sort d'une manière plus pitoyable que le font les pauvres veuves éplorées de la perte de leurs maris. Sauf que, à la différence de lui, elles avaient réellement des raisons de pleurer. Lui, il devait bouger, continuer à vivre et tout reconstruire. La leçon avait été difficile à appliquer. En fait, il avait fallu quoi ? Pas moins de 3 ans. Et encore à cause de Qui Gon et de leur retour au temple. Sinon, il était fort probable que Kenobi n'aurait pu jamais pu sourire de sa vie. Heureusement pour lui, il y avait eu un médicament efficace comme aucun antidépresseur ne pouvait l'être : un médicament répondant au nom de Hayley. Elle avait tellement tendance à faire des bêtises et à s'attirer la poisse qu'Obi-Wan n'avait pas eu d'autres choix que de faire attention à ce qui se passait. Aux autres donc. Mais aussi à elle. Et l'attention qu'il lui donnait avait pris tant d'importance qu'il s'était retrouvé en couple avec elle. Pour le meilleur ! Bien sûr, il y avait eu quelques petites disputes de couple, mais rien de vraiment méchant. Jusqu'à la naissance du môme. Le gosse qui avait gâché sa vie... De fait, ce gamin avait eu l'effet d'un second ordre 66 sur lui, et, après un léger temps d'adaptation qui tourna à un pseudo désastre, Obi-Wan partit. Une longue absence pas nécessairement justifiée, et difficilement justifiable auprès de la mère. Abandonner une femme ? Non, jamais ! Et pourtant... Pendant tout ce temps, il s'était fourvoyé : ce n'était pas le gosse qui lui gâchait la vie, non, bien au contraire d'ailleurs. Le problème, c'était Kenobi et uniquement Kenobi. Il avait décidé lui-même de se ruiner l'existence. Pourquoi ? Car il n'avait pas le droit à autant de bonheur alors il devait s'inventer des problèmes là où il n'y avait rien d'autre qu'une utopie. C'est uniquement après un grooooos travail personnel intérieur que le Jedi parvint à cette conclusion. Obi-Wan n'était qu'un connard. Profondément débile. Profondément égoïste. Profondément aveugle. Mais maintenant tout ça, c'était terminé. Et il aimait ce petit truc blond qui occupait une place prépondérante dans leur appartement. Il l'aimait même beaucoup ! Plus que Hayley ? Peut-être. Mais ce n'était pas comparable. Hayley, c'était le désir à l'état pur. Oliver, c'était bien plus que ça. Oliver, c'était la promesse d'un avenir radieux et ensoleillé, une nouvelle raison de vivre, une nouvelle façon d'aimer. Un petit gars rien qu'à lui en fait.

Pourquoi tant de réflexions devant un bol de céréales au petit matin ? Non, pour une fois, il ne cherchait pas à se faire déprimer tout seul ; il aimait simplement se rappeler la chance qu'il avait. Il ne connaissait peut-être pas son enfant issu de Satine, mais ça n'avait pas d'importance, il avait Oliver. A en croire Hayley, le petit l'appréciait beaucoup ; mais Obi-Wan n'était pas certain de ceci... C'est vrai, quel enfant refuserait un partenaire de jeu ? Aucun très certainement (sauf Hayley, mais Hayley était un cas à part qui serait trop long à étudier). Il est vrai qu'Oliver l'avait accepté dans SA bulle de vie (qui était celle de Kenobi à la base, mais il ne pouvait pas le savoir), mais, pareillement, comment un petit garçon pourrait refuser ce qu'il devait considérer comme un chef cuisinier à côté de sa mère qui cuisinait comme... Hmm, qui essayait de cuisiner quoi, sans aucun succès gustatif. Sa padawan ne lui reprochait rien au sujet de son fils, elle craignait sûrement qu'il prenne la fuite à la première suggestion... Ridicule ? Pas vraiment. Il l'avait déjà fait. Et n'avait même pas attendu de trouver une excuse correcte pour cela. Toutefois, Obi-Wan savait qu'elle adorerait le voir passer encore plus de temps avec son fiston. Oh, Kenobi jouait souvent avec lui dans ses quartiers ; mais justement, ça s'arrêtait là. Il n'y avait jamais véritablement eu de moments père/fils. Il était même probable qu'Oliver ne soit même pas conscient qu'il était son père. Ça se trouve, il ne connaissait même pas l'existence de ce type d'individu appelé "papa". Peut-être n'avait-il même pas ce mot dans sa liste de vocabulaire connu. Si tel était le cas, Obi-Wan ne pensait pas être encore prêt à s'affirmer comme tel. Non pas qu'il avait honte de son fils, mais il avait plutôt honte de lui... Avoir un gamin si formidable à côté de lui, qui lui tendait les bras, et l'avoir délaissé comme un... mec. Heureusement que le gamin n'était pas une fille, sinon il aurait dû la mettre en garde contre les dangers permanents que représentait la gente masculine. Ne pas s'approcher des garçons. Toutes les filles devraient savoir ça à la base ; comme ça, elles ne pourraient pas venir se plaindre par la suite. A leurs risques et périls. Tout ça pour dire que Kenobi avait l'intention de rattraper le temps perdu avec son fils, l'emmenant faire une sortie par exemple !

- Je sais que tu adores tes cubes de bois, mais... Tiens, c'est pour toi, Oliver !

Oui, vous ne rêvez pas, il s'adressait bien à son fils assis en face de lui au comptoir. Pendant qu'il parlait, Obi-Wan avait fait glissé une petite boite en plastique argentée. Ah, le grand mystère des boites ! Tous les enfants aimaient les boites, car le plus intéressant était à l'intérieur, mais, en général, le gosse préférait s'amuser avec la boite. L'homme est donc bizarre dès l'enfance, il oublie juste sa condition quand il grandit, jusqu'à s'en étonner. Au dedans de la boite se trouvait une petite télécommande grise qui servait à ouvrir un vaisseau et un seul mais aussi à produire son image. Le vaisseau en question était un chasseur Jedi monoplace, aux couleurs grises et bleu océan. Il était tout neuf, le conseil venait de le recevoir. Un modèle unique commandé par Kenobi pour une occasion spéciale. Quelle sorte d'événement si extra-ordinaire pouvait mériter une dépense de si grande envergure ? Un cadeau pour son fils, car, sachez-le bien, rien n'est trop beau ou trop cher pour Oliver. Obi-Wan met seulement des limites financières à Hayley, sinon cette dernière serait capable d'acheter le centre commercial... Avec des limites, elle se contentait de dépouiller les magasins, ce qui était bien plus mesuré.

Un vaisseau. Kenobi venait d'offrir un véritable vaisseau Jedi à son fils d'un peu plus de deux ans et demi, mais il avait toujours refusé d'en prêter un à Hayley. Pourquoi une telle injustice ? Car Hayley n'était tout simplement pas doué et Obi-Wan la stressait trop pour qu'elle tente de se détendre, le maitre avait alors refuser de la faire conduire. Lui offrir un vaisseau aurait revenu à lever l'interdiction et retenter l'expérience, ce qui n'était pas envisageable puisque Kenobi était assez frileux à ce sujet. Alors pourquoi Oliver ? Un petit gosse qui ne sait de toute évidence pas conduire... Avait-il hérité de la poisse légendaire de sa mère ? C'était peu probable sinon il serait d'ores et déjà décédé d'une intoxication alimentaire ! Non, ce n'est même pas une blague, seulement la vérité, rien d'autre. Et puis, Oliver était la réplique parfaite de son père : des cheveux blonds, de jolies billes toute bleues en guise d'yeux, un regard irrésistible... Alors il devait savoir piloter ! Où est le lien logique là-dedans ? Il n'y en a pas vraiment ; Obi-Wan cherche juste à passer un moment agréable avec son fils, arrêtez de chercher le mal partout maintenant !

- Si tu veux, on pourrait aller l'essayer ! Enfin... si Maman est d'accord bien entendu...

Kenobi ne pouvait s'empêcher de guetter assez anxieusement la réaction de son fils. Allait-il aimer son cadeau ? Allait-il vouloir le tester ? Allait-il aussi accepter de passer du temps seul à seul avec lui ? Est-ce que tout allait bien se passer ? Et si ça se passait mal ? Et qu'allait-il pouvoir dire à Hayley si le petit avait un accident ? Pour sûr, elle allait le traiter de meurtrier s'il ramenait l'enfant chéri avec un ongle cassé... Ohlala, tant d'inquiétudes pour un petit tour dans l'espace ! Ok, ok, relax. Ok boy, TOUT-VA-BIEN. Oliver est un petit ange tombé du ciel, alors il ne pouvait rien arriver d'étrange ou d'horrible. Il ne manquait plus que l'accord de la maman lionne. Ce dernier point était problématique. En temps normal, elle aurait dit oui... Ou peut-être pas en fait. Mais là, il entrainait sa raison de vivre miniature sur un terrain où elle ne se sentait pas tellement à l'aise et où elle ne pourrait pas intervenir en cas de danger. Tout le monde devait faire des efforts pour essayer de reconstruire une vie normale. Obi-Wan devait tout faire pour leur faire oublier son absence. Oliver devait partager sa maman et vivre avec l'homme qui avait gâché sa vie pendant près de trois ans. Quant à Hayley... elle ne lui devait rien, et ça serait encore une fois de l'égoïsme de vouloir lui donner une part de responsabilité dans le futur qu'ils devaient à présent se construire en prenant compte d'un nouvel élément. Oliver.

I'll give you everything

Obi-Wan s’était trompé. Il ne devait pas s’inquiéter de recevoir ou non la permission d’Hayley ; enfin, pas tout de suite tout du moins. Pour l’instant, tout ce qui importait était l’accord d’Oliver. Et oui, contrairement à ce qu’il avait pu imaginé, le petit ange blond n’avait pas l’air si enjoué que ça de faire une sortie avec son père, avec l’étranger. Kenobi ne représentait absolument rien d’autre pour l’enfant : il était l’étranger qui vivait avec sa mère, qui aimait jouait avec lui et faire des constructions de cube, et qui cuisinait bien. Pauvre gamin. Si seulement il avait pu comprendre que ce n’était pas Obi-Wan qui cuisinait bien, mais sa mère qui n’était vraiment pas faite pour préparer les repas. Un jour, papa Kenobi emmènerait son petit chéri chez Dex, mais, quand cela arriverait, il faudrait qu’Hayley soit là, et qu’Oliver sache la vérité. La vérité… C’était peut-être ça le problème en fait. Je veux dire, qu’il ne soit pas au courant de la véritable identité de son paternel. Certes, son père était là, mais il ne portait pas la fameuse étiquette du « papa », ce qui empêchait le petit garçon de se rapprocher un peu plus de lui. Est-ce que cette révélation allait complètement modifier leur rythme de vie ? Probablement. Mais dans quel sens ? Positif ou extrêmement négatif ? Et qui allait être content qu’il s’affirme après cette absence d’une durée interminable ? Kenobi ne voulait plus vivre ce par quoi il était déjà passé ; l’apocalypse, c’était terminé. A présent, il voulait vivre normalement. Avec Hayley. Et Oliver. Comme une véritable famille. A vrai dire, c’était sûrement cela qui lui avait manqué : savoir ce qu’était une famille normale… Ne pas avoir peur du futur, puisque, quoiqu’il advienne, il y aura toujours un demain à affronter. On est plus fort quand on est ensemble, moins vulnérable, et on a plus de possibilités de se sortir des épreuves de la vie. Quelqu’un aurait dû le prévenir de tout ça, Qui Gon aurait dû le faire et pas seulement lui crier dessus car il détruisait son petit chef d’œuvre… Voilà pourquoi il était parti. Pourquoi était-il revenu ? Car Obi-Wan avait eu la chance de pouvoir observer l’amour familial à l’œuvre, et il était arrivé à la conclusion qu’il en avait besoin. Faiblesse ? Oui. Mais pas tant que ça. C’est avant tout une force que d’admettre son imperfection…

Depuis qu’il était revenu, le père honteux avait essayé de camoufler cette imperfection autant que possible. Encore une fois, il avait voulu faire croire à Hayley qu’il était assez fort pour supporter la pression qu’elle lui avait mis pendant sa période de tests vis-à-vis d’Oliver. Bien sûr le maitre Jedi avait réussi, sinon il ne serait pas dans ses quartiers actuellement, mais il y avait eu de la triche. Les médicaments lui avaient fourni une cachette considérable, et cela continuait encore à présent. En fait, Obi-Wan n’en éprouvait pas le besoin physiquement parlant, il allait très bien, menait une vie parfaite et n’avait aucune raison de retomber en dépression. Sauf que les autres fois aussi. A chaque fois, un élément perturbateur était venu détruire sa vie et le faire replonger dans la dépression. Accompagné de ses cachets, Kenobi se disait qu’il avait plus de chances de ne pas sombrer. Alors, ce n’était rien d’autre que de la prévention, rien de plus. Toutefois, prendre des cachets lorsqu’on est pas malade n’est pas bon pour la santé… Malheureusement, des événements très simples comme celui d’aujourd’hui prouvait à quel point il en était dépendant, mentalement. Pourquoi Oliver hésitait ? Pourquoi Oliver ne voulait-il pas venir avec lui ? Pourquoi Oliver ne voulait-il pas jouer avec un vrai vaisseau, rêve de tous les jeunes novices ? Pourquoi Oliver ne l’aimait pas comme il était censé le faire ? Pourquoi Oliver n’était pas le petit garçon qu’Obi-Wan voyait dans ses rêves, toujours après son père et lui donnant le double d’amour dont il avait besoin ? Car c’était de la faute de papa Kenobi. On ne construit pas une relation sur un mensonge. Il s’en était déjà rendu compte avec Hayley, lorsque tout avait explosé. Pour qu’Oliver se comporte en fils, Obi-Wan devrait accepter qu’il était son père, ce qui signifiait : accepter que le petit blondinet sache. Ce serait plus difficile.

Et voilà qu’Hayley parlait. Attendez, elle encourageait Oliver à y aller en mettant en avant quelques points positifs de l’activité. S’amuser, oh ça, c’était difficilement pensable autrement. Après une éternité d’inquiétude, le petit chou décida qu’il voulait y aller ; toutefois, il ne semblait pas bien assuré… Etait-ce l’activité qui ne l’enchantait pas ? Ou bien est-ce que le fait de quitter sa mère pour une matinée le rendait nerveux ? Ou encore, était-ce car il serait avec Obi-Wan ? Attendez. Non. Ne répondez pas… En vérité, Kenobi préférait rester dans l’ignorance. Dans tous les cas, il devrait faire ses preuves aujourd’hui encore. Sauf que cette fois-ci, cela n’aurait rien de théorique puisqu’Hayley ne serait pas là pour passer derrière si jamais il agissait mal avec le petit. Enfin, si, elle le ferait. Elle établirait un jugement et si ce n’était pas assez, Obi-Wan n’aurait plus qu’à faire ses valises et partir avant la fin de la journée. Oliver était le bijou le plus précieux de toute la Galaxie dans le sens où il était celui d’Hayley. Obi-Wan ne laisserait rien lui arriver. Cependant, Hayley ne pouvait pas s’empêcher de lui servir son regard de maman lionne tandis que le petit garçon sautait de son siège pour aller s’équiper. Un regard féroce, plus qu’un regard en fait, un avertissement accompagné d’une menace. Et, pour une fois, Obi-Wan soutint le regard la tête haute. Non, cette fois-ci, il ne baisserait pas la tête, ça serait trop facile ; et puis, cela signifierait qu’il n’était pas vraiment prêt à assumer. Ce n’était plus le cas, papa Kenobi était désormais de taille à s’occuper de son fils, tout seul, sans l’aide d’Hayley. Il n’avait pas à avoir peur de son regard, tout allait bien se passer. De toute façon, Obi-Wan n’entendait pas que quelqu’un laisse faire du mal à Oliver, ni même l’approcher. Oliver était un joyau, un trésor d’une valeur inestimable ; et autant dire que, si besoin était, Obi-Wan n’hésiterait pas à se sacrifier afin de lui garantir la vie sauve.

- A tout à l’heure ! On va rentrer tôt, c’est promis…

Le petit garçon était prêt, et, après un rapide aller retour dans sa chambre pour prendre son bracelet communicateur (élément indispensable pour joindre Maman Grizzly en cas de problème, quoiqu’il serait étonnant que Hayley parvienne à sauver la situation en étant à l’autre bout de la galaxie), il annonça que tout était bon. Alors, après avoir embrassé la jeune femme, il était allé rejoindre son fils qui semblait l’attendre. Tout irait bien, et Hayley ne patienterait pas longtemps, puisqu’il l’avait promis. Depuis quand la parole d’Obi-Wan avait de la valeur au juste ? En fait, elle en avait toujours eu. Kenobi offrait rarement sa parole à quelqu’un ; et, lorsque c’était le cas, il savait parfaitement ce qu’il faisait et s’arrangeait pour la tenir. Quoiqu’il arrive. Une promesse, c’était quelque chose de sacré. Quand le mot « promis » apparaissait dans une de ses phrases, c’était un des seuls moments où l’on pouvait être certain qu’il ne mentait pas. Certes, depuis son retour, Obi-Wan avait cessé de mentir ouvertement à Hayley, mais peut-être qu’elle ne lui faisait toujours pas confiance… Enfin… Oublions Hayley pour le moment ; de toute manière, elle n’était même plus dans la même pièce que lui puisqu’ils étaient d’ores et déjà en train de marcher dans les couloirs pour se rendre au hangar. Doucement, papa Kenobi alla chercher la petite main frêle de Kenobi junior, qui se laissa faire sans trop protester. Oliver avait l’habitude de ce petit rituel de la main avec sa mère, peut-être pensait-il qu’il devait agir ainsi avec Obi-Wan sans poser de questions. En fait, peut importait vraiment ce qu’Oliver était en train de penser, il se laissait faire, acceptait d’être avec son père et cela suffisait à le rendre heureux.

Père et fils marchèrent en silence jusqu’au hangar. Oh, ce n’était pas qu’Obi-Wan était gêné, mais il n’avait simplement rien à dire de plus. Tout allait bien. Fallait-il le dire ? Non, pas spécialement, Oliver devait le sentir de toute façon… Arrivés au hangar à vaisseaux, Kenobi entraina son fils vers le vaisseau qui lui appartenait à présent, un magnifique vaisseau Jedi qui valait une petite fortune, mais rien n’était trop beau pour Oliver. L’intercepteur Jedi était déjà entièrement équipé, et tous les réglages étaient faits. Un droïde de type R4 était installé à l’avant du véhicule, comme Obi-Wan l’avait demandé aux mécaniciens… Bien entendu, le petit astro-mécano gris n’appartenait pas à Oiver, c’était un simple droïde à la disposition de tout le monde ; ainsi, comme tout le monde, Oliver y avait accès. Oh et, ce n’est pas la peine de dire qu’Oliver était inscrit en liste prioritaire pour accéder à ce droïde, en tout temps. Obi-Wan souhaitait être certain que rien n’arriverait jamais à son petit bouchon ; et, dans l’hypothèse que le temple soit attaqué et qu’Oliver doive fuir rapidement, seul, mieux valait tout prévoir. C’est pourquoi l’ordinateur de bord comportait déjà deux destinations pré-enregistrées… Tout d’abord, le Temple Jedi, afin qu’Oliver puisse toujours rentrer chez lui ; puis, une destination de secours, qui conduisait directement chez la petite fille qu’ils avaient du garder autrefois avec Hayley. Kat-Lyn était une petite gamine adorable et Kenobi avait confiance en ses parents qu’il avait eu l’occasion de rencontrer durant son exil forcé. Plus tard, Obi-Wan montrerait à Hayley que tout était préparé, qu’il ne faisait pas de cadeaux sans penser aux conséquences, et, plus encore, qu’il tenait à Oliver autant qu’elle. Avec un grand sourire, Obi-Wan demanda à Oliver d’ouvrir le cockpit en appuyant sur le bouton du milieu de la télécommande. Evidemment, Obi-Wan aurait pu le faire tout seul avec le bouton extérieur, mais cela lui avait sembler bien mieux de montrer l’utilité de la télécommande au petit bonhomme ; d’autant plus qu’il n’avait pas parfaitement compris la valeur de ce cadeau de prime abord. Ah, et comme Obi-Wan était un papa parfait qui pensait à tout (ok, ce n’était pas du tout le cas et c’était l’idée que Dex lui avait soumise, lorsqu’il lui avait parlé de son projet de sortie avec son fils), Obi-Wan avait placé une peluche sur l’unique siège passager ! En imitant Hayley à la perfection, le maitre Jedi se mit à la hauteur de son fils avant de lui expliquer comment cela allait se passer.

- Ce vaisseau est à toi, Oliver. Tu comprends, c’est le tien et il sera toujours à toi. C’est comme les jouets qui sont dans ta chambre, ce sont les tiens. Seulement, pour l’instant tu es un peu petit pour piloter tout seul, alors je vais t’aider un peu… Comme il n’y a qu’un seul siège, tu vas t’asseoir sur mes genoux, et comme ça, tu pourras voir ce qui se passe à l’extérieur. Alors, je vais monter le premier, puis je vais te porter, d’accord ?

Obi-Wan s’assura que le petit ait bien compris tout ce qu’il venait de lui expliquer, puis, il grimpa dans le vaisseau sans s’occuper de l’escalier ; après tout, pourquoi aurait-il fait semblant de ne pas pouvoir s’installer comme n’importe quel autre Jedi ? Après quoi, comme promis, Obi-Wan se pencha pour porter Oliver et l’installer à son tour dans le vaisseau. Après s’être installé confortablement, il passa le harnais de sécurité devant Oliver et l’attacha… Si jamais Oliver racontait comment ça c’était passé à Hayley, il ne voulait en aucun cas qu’elle lui reproche d’avoir été laxiste sur la sécurité. Obi-Wan mis la peluche dans les mains du petit garçon et commença à lui expliquer l’utilité des différents accessoires avec des mots simples comme « Le volant sert à te diriger, suivant comment tu le tournes, tu peux aller, à droite, à gauche, ou tout droit », ou encore « Cette manette te permet d’aller plus vite ou moins vite ». Bien entendu, Obi-Wan passa sous silence les manettes de tir, sinon Hayley l’aurait massacré ; de même, il n’encombra pas l’esprit d’Oliver avec trop de mots compliqués, seuls quelques petits trucs lui serviraient dans un premier temps.

- Tu vois, c’est toi qui contrôles le vaisseau, tu peux faire ce que tu veux avec et aller où tu as envie, il faut juste faire attention aux autres car nous ne sommes pas les seuls dans l’espace à aller nous amuser. Oh, une dernière chose, tu vois la ceinture autour de toi ? C’est obligatoire ça, à chaque fois que tu montes dans ce vaisseau, tu dois la mettre, c’est une question de sécurité. Je vais décoller, quand je te le dirai, tu pourras tenir le volant si tu le veux. Pour l’instant, il y a beaucoup de monde dehors, donc c’est dangereux et je vais le faire. Tu te souviens comme il y avait beaucoup de vaisseaux dans le ciel lorsqu’on est sorti manger une glace l’autre jour ? Et bien, ça va être pareil, sauf qu’on va être au milieu d’eux, ouvre bien les yeux !

Calmement, Obi-Wan alluma la machine et fit décoller le vaisseau. Alors, toujours aussi doucement, il sortit du hangar et s’engouffra dans la circulation de Coruscant, hors de question de faire des cabrioles avec quelqu’un de sensible à bord. Obi-Wan n’était pas Hayley, il savait prendre en considération quel type de passager il transportait et adapter sa conduite. Hayley, quant à elle, préférait le style agressif tournoyant. Comme Anakin. Sauf qu’Anakin savait réellement piloter, lui. Papa Kenobi réussit à quitter rapidement la circulation pour sortir de la fréquentation continue de la planète cité. Voilà, l’espace, c’était bien mieux. Plus calme. Plus à l’aise. Là, ils ne craignaient rien. Pas d’accident. Et une marge de manœuvre suffisante pour permettre à Oliver de tenir le volant comme un grand. Avant de lui proposer, Kenobi s’assura qu’il n’aurai pas à lui reprendre dans les secondes qui suivraient, et regarda donc autour de lui. Personne. L’espace avait cette vertu peu commune d’apporter la sérénité. Obi-Wan réduit la vitesse au minimum possible, déposa un bisou sur la petite tête blonde d’Oliver et lui parla à nouveau.

- Voilà, on est dans l’espace ! Si tu veux, tu peux tenir le volant maintenant, ça ne craint rien ; et ne t’inquiète surtout pas, je suis là pour t’aider si jamais tu as du mal. Oliver, je suis vraiment heureux que tu aies accepté de venir avec moi sans Maman ; mais, si jamais tu veux rentrer, tu n’as qu’à le dire et on fera demi-tour d’accord ? Je ne le prendrai pas mal, tout ce qui m’importe est ton bonheur…

Peut-être qu’Hayley allait finir par envier Oliver. Pourquoi ? Car Obi-Wan avait toujours été tout ce qu’il y a de plus franc avec le garçon. De plus, son fils passait avant tout, même avant le bonheur d’Obi-Wan. Evidemment qu’Obi-Wan aurait le cœur déchiré si le gamin décidait de rentrer sur le champ ou se mettait à pleurer car sa mère lui manquait, mais il accepterait et respecterait sa parole en le ramenant à sa mère. Avec Oliver, Obi-Wan ne voulait pas tout gâcher. Il était conscient qu’il n’avait pas été là quand il le fallait ; et, à présent, c’était à lui de s’adapter au rythme du petit garçon. Construire une relation comme celle-ci ne se fait pas en une journée, ni même en six mois. Cela s’étendra sur des années. Pour finir, Kenobi était parfaitement conscient qu’Oliver ne tiendrait jamais à lui comme à sa mère. Peut-être qu’un jour il lui ferait parfaitement confiance, peut-être même qu’il l’aimerait comme un fils aime son père, mais rien n’était certain. Obi-Wan était le coupable. Oliver, la victime. Et, face à son fils, Obi-Wan allait assumer ses erreurs et continuer de faire des efforts. Que pouvait-il bien faire de plus ?

Il était rare que le petit Kenobi touche une main autre que celle de sa maman. Au contacte de celle d’Obi-Wan, le petit ne fit que lever son regard vers lui avec un petit sourire timide. Étrangement, il aimait bien ce contacte avec cet homme. C’était différent de la main douce de sa maman, mais c’était bien cette différence. Pas qu’il n’aimait pas le contacte de sa mère. Au contraire, il l’adorait tout simplement. Mais avec Obi-Wan, c’était juste différent. Haussant les épaules, sa naïveté enfantine sauva encore le petit Oliver des dures questions de la vie et lui permit de continuer le chemin un sourire aux lèvres. N’ayant rien à dire tous les deux, le voyage jusqu’au hangar se fit silencieusement. Ce n’était pas un silence de lourd. Juste un silence qui permettait à l’homme et au garçon de réfléchir sur la suite des évènements. Oliver se sentait relativement en sécurité avec le grand homme. Relativement car n’étant pas souvent loin de sa mère, sa provoquait chez le petit un peu de crainte. Cependant, son père biologique semblait serin. M’enfin c’est ce que le petit ressentait et c’est ce qui le rassurait. Était-ce une sérénité réelle ou fausse ? Le petit l’ignorait et encore une fois sa naïveté le protégeait contre une quelconque réponse.

Une fois rendu dans le hangar, le petit Kenobi eut le souffle coupé. Plusieurs vaisseaux étaient entassé, tous plus beaux les uns que les autres. Il avait l’impression d’être dans le rayon des vaisseaux modèles réduits du magasin de jouet, mais en grandeur 100 fois plus grand ! Se rappelant du beau vaisseau de l’hologramme, le gamin tenta de le retrouver. Regarde à droite, à gauche, allez Oliver ! Trouve le beau vaisseau ! Comme un bon petit chien traqueur, le gamin commençait à grouiller près de son père. Il voulait trouver le vaisseau ! Comme si son père avait compris que le petit cherchait le vaisseau, il l’entraina vers celui qui était identique à l’hologramme. Oliver était tout simplement ébahi. Jamais il n’avait pu voir un vaisseau d’aussi proche. En réalité, il se sentait si petit en fasse de ce vaisseau merveilleux qu’il n’arrivait pas à croire qu’il allait vraiment l’essayer. Nah… Obi-Wan allait surement changer d’idée. Il s’attendait à entendre sa mère lui dire que c’était trop dangereux. Et franchement… En face de ce gigantesque monstre mécanique, il commençait sérieusement à avoir peur.

Heureusement, son père lui chassa ses mauvais idée et lui demandant d’appuyer sur l’interrupteur pour ouvrir le vaisseau. Quand le drôle de truc rond en vitre s’ouvrit, le petit remarqua tout de suite la peluche sur le banc. Une magnifique peluche qui semblait toute douce et rassurante. Il dirigea ses petits bras vers la peluche en question, mais avant qu’il puisse demander à qui elle appartenir, Obi-Wan se mit à son niveau pour lui parler. Les règlements… Maman le faisait toujours comme ça et en toute franchise, ca le rassurait de voir son grand ami faire pareille. Le petit arrêta d’écouter à la première phrase. Il fut seulement attirer par ‘’le vaisseau est à toi ‘’. Réellement ?! Un vaisseau à lui ?! Impossible ! Le petit était de plus en plus énervé. Il était rare de voir Oliver Kenobi comme ça. Très rare même. Habituellement il restait sagement au pied et attentif, mais là il était réellement trop surexcité. Quand il lui demanda si c’était correcte s’il entrait en premier et qu’il le prenait par la suite était correcte, le petit ne fit que hocher rapidement la tête. Il avait hâte de monter dans son vaisseau et de voir la peluche de plus proche.

Obi-Wan lui expliqua ce qu’était un volant et à quoi il servait. Le petit suivait le cours sans dire un mot attentif malgré tous les boutons qui brillait sur le tableau de bord. Il faut tout simplement être horriblement pour demander à un enfant de ne pas jouer avant autant de boutons ! Et pourtant, le petit ne dit rien et restait sage malgré tout l’énervement qui parcourrait son petit corps. Quand le vaisseau fut près à découler, le petit serrait fort fort fort la peluche qui se trouvait sur le banc quelques minutes plutôt. Là, il trouvait la situation un peu moins drôle. Malgré la présence de Obi-Wan dernière lui, le petit était troublé. Il aimait le sensation de monter haut, mais n’ayant pas l’habitude ca lui faisait peur.

Cependant, trop curieux et émerveillé pour fermer les yeux, le petit regardait tout autour de lui. Ceci augmentait sa peur, mais sa curiosité était réellement plus forte que n’importe quoi d’autre. Puis, quand finalement le vaisseau se stabilisa, il relâcha un peu son emprise sur la peluche. Regardant par le tableau de bord, Oliver resta sans mot. C’était si beau, si calme… Obi-Wan lui annonça qu’il était maintenant sécuritaire pour lui de prendre les commandes. Le gamin échappa un petit cris de joie. Mais quand il lui dit que s’il voulait rentrer à la maison, qu’il pouvait quand il voulait, le petit ressentit de nouveau la peur l’envahir. C’est vrai qu’il était loin de sa maman… Dans un univers merveilleux mais inconnu. Il allait peut-être ne plus jamais revoir sa maman ?! Sa maman allait peut-être partir sans lui ? L’abandon… Une peur enfantine qui pourrait terrorisait réellement les enfants. Le petit paniqua quelques secondes puis sera la peluche très fort dans ses bras. Sa crainte disparue peu à peu. Après tout Obi-Wan avait été claire. Ils repartiraient dès que le petit voudrait. Et pour le moment, Obi-Wan agissait comme Lyane. Il était gentil, doux et attentionné. Il deviendrait peut-être ami avec de la chance ! Se retourna vers le Jedi, il prit la parole pour la première fois depuis le départ de chez maman :

- J’ai un peu peur, mais ça va… Je… Confiance ?

Il avait appris le mot confiance il y a peu. Il n’avait pas tout compris l’étrange complexité qui entourait ce mot, mais avait compris la base. Et c’est pour ça qu’il n’avait pas peur. Il faisait confiance à Obi-Wan Kenobi. La confiance… Une notion si apeurant pour des adultes et pourtant si pur pour les enfants… Avant même qu’il puisse ajouter quelque chose, il ajouta toujours en serrant le nounours :


- Je peux garder le nounours s’il-te-plais ?

Il faisait son fier, mais il avait tout de même un peu peur. Cependant avec le nounours et Obi-Wan, il se sentait en confiance. Il devait avouer qu’il avait été tenté d’appeler sa maman avec l’hologramme. Mais il voulait lui montrer qu’il était un grand garçon et qu’il acceptait de faire confiance à un autre adulte si maman était d’accord. Cherchant à atteindre le volant du vaisseau, le petit s’avança sur les genoux de son père biologique. Posant ses deux petites mains dessus, il se retourna vers Obi-Wan le regardant en attendant les instructions.

I See You ♥

Ici, au milieu des étoiles, c’était à croire que tout était absolument parfait. Juste Obi-Wan jouant le rôle d’un papa parfait, et Oliver, petit ange au naturel. Peut-être que la situation aurait été encore plus appréciable avec la compagnie d’Hayley ; mais Obi-Wan en doutait. Oh, rien de méchant envers sa petite amie, non, vraiment pas ! Seulement, si Hayley avait été présente, toute l’attention d’Oliver aurait été tournée vers elle. Et non plus sur son père biologique. Bien évidemment, Kenobi n’aurait rien dit ; de toute façon, c’était plus que logique qu’Oliver préfère sa mère puisqu’elle avait toujours été là pour lui. Enfin, pas vraiment toujours… Obi-Wan se souvenait très bien qu’Hayley n’avait jamais désiré cet enfant, elle n’en voulait pas, elle avait tenté de s’en débarrasser plusieurs fois, et se mettait à pleurer juste à l’idée d’avoir un enfant. D’accord, l’attitude du maitre Jedi avait probablement légèrement altéré son comportement vis-à-vis du bébé qu’elle portait. Il n’empêche qu’elle aussi n’en avait pas voulu à la base, et Obi-Wan pourrait très bien le lui dire un jour. Sauf que, Oliver ne préférerait pas Obi-Wan pour autant. Et il serait profondément détruit à l’intérieur. Donc, ce n’était pas la peine. En fait, cela serait même méchant… Or Obi-Wan n’était plus méchant, plus maintenant. A présent, il se prenait même à croire au bonheur, à songer que lui aussi y avait le droit. Un vrai bonheur. Sans médicament. Sans séparation. Dans ce petit vaisseau monoplace, le rêve semblait devenir réalité. Tout était si beau, là-haut, dans l’espace. Avec son fils. Alors pourquoi il criait puisque tout était parfait ?

En un seul petit cri aigu, Oliver Kenobi venait de briser l’idylle que son père peinait tant à construire. Broyée. Explosée. Détruite. Disparue. Perdue. Oliver se voulait être un petit garçon très calme. Jamais, pour autant qu’il se souvienne, Obi-Wan ne l’avait entendu faire une crise et se mettre à crier sans aucune raison valable (bien entendu, on exclue ici les cris de faim du moment où il était encore un bébé, quoique, là encore, rien n’ai jamais été très violent). Dès lors, s’il criait, c’est que quelque chose n’allait pas bien. Si un quelconque problème survenait, c’était de la faute d’Obi-Wan puisqu’il était responsable de l’enfant ce matin. Quelle sorte de problème alors ? Un danger ? Un autre véhicule dans les environs ? Un problème avec le vaisseau ? Ou bien… peut-être que le petit avait tout simplement pris peur. Peut-être même qu’il voulait rentrer de suite mais qu’il n’osait le dire de peur de vexer le Grand Maitre du conseil. Toutefois, et c’était pour le moins étrange, Oliver n’avait pas l’air effrayé le moins du monde. Au contraire, il paraissait même excité par la perspective de pilotage que lui offrait son père sur un plateau d’argent. Excité. Et voilà qu’il commençait à dévergonder son fils. Etonnant d’ailleurs que Hayley ne lui ait pas enseigné la joie de vivre un peu plus tôt, elle qui se comportait toujours comme une pile survoltée lorsqu’elle avait l’âge d’Oliver… Encore une fois, Obi-Wan savait très qu’il était le responsable de cette carence et c’est pourquoi il ne se permettrait jamais d’effectuer ne serait-ce qu’un remarque désobligeante à ce sujet.

- J’ai un peu peur, mais ça va… Je… Confiance ?

Mignon, n’est-ce pas ? Oliver était vraiment adorable et Obi-Wan ne pouvait pas souhaiter un meilleur enfant que celui qui se trouvait actuellement sur ses genoux. Aujourd’hui, c’était la première fois qu’Oliver s’éloignait volontairement de sa maman, hormis pour aller à la garderie, mais ce n’est pas pareil… A la garderie des bébés novices, il restait à proximité d’Hayley qui pouvait intervenir dans les plus brefs délais, en cas d’urgence extrême. Là, dans l’espace, sa capacité d’action était plus que limitée et le petit bonhomme devait s’en remettre à son père, et uniquement à lui. Ainsi, il admettait qu’il ne se sentait pas entièrement rassuré mais il affirmait par la même occasion que tout allait bien dans une certaine mesure puisqu’il lui faisait confiance. Confiance. C’était un bien joli mot tout de même. Jamais, même dans ses rêves les plus fous, Obi-Wan n’aurait pensé que son fils lui ferait entièrement confiance un jour. Pour lui, il était condamné à demeurer au statut de traitre à son sang, ou, au mieux, de vague connaissance. Et pourtant, il semblait qu’il devrait être bien plus que cela. On ne fait pas confiance à une connaissance. On ne part pas en excursion dans l’espace sur un coup de tête avec un simple copain, surtout lorsqu’on est encore qu’un petit garçon. Obi-Wan allait bientôt être un père, je veux dire, un père au complet qui accepte ce terme et qui se fait appeler « Papa » par son enfant. Il ne pouvait pas esquiver cette issue indéfiniment ; et puis, cela ne devait pas être si terrible que ça en avait l’air. Après tout, rien ne changerait. Oliver lui ferait toujours confiance. Hayley serait plus heureuse. Tout le monde serait au courant… En fait, tout le monde était déjà au courant, implicitement, depuis qu’Obi-Wan avait fait changé le Code Jedi, comme par hasard avant l’accouchement d’Hayley… Evidemment, il aurait pu faire ça comme une simple faveur à sa padawan, ou en l’honneur de son ancien maitre, ou même pour ne pas subir l’humiliation d’un nouvel apprenti déchu, mais les Jedis n’avaient pas l’habitude de se montrer dupes.

Il suffisait simplement de trouver le bon moment pour en parler. De préférence, quand Hayley serait là. Pourquoi ? Car Obi-Wan ne supporterait pas de voir son fils crier après lui. C’était peu probable certes, mais on n’est jamais trop prudent. Si Hayley était dans la pièce quand il lui en parlerait, elle pourrait toujours interférer en sa faveur, comme elle l’avait fait ce matin dans la cuisine, et essayer de calmer ce petit garçon qu’elle connaissait mieux que quiconque. L’avantage d’être un enfant c’est de pouvoir passer d’un sujet très sérieux à un autre totalement dérisoire, comme le fait de pouvoir garder la peluche qui était sur le siège avant qu’ils s’installent dans le vaisseau. Obi-Wan avait trouvé cela tellement évident qu’il n’avait pas pris la peine de préciser que ce doudou était un autre cadeau, et donc à lui également. Ne voulant pas paraitre pour quelqu’un qui offre le galaxie entière la même journée, Obi-Wan ne dit rien mais se contenta de hocher la tête en souriant. Oui le nounours était à lui et il pouvait le garder, bien sûr… Obi-Wan n’était pas du genre à lui reprendre pour le donner à un autre gamin sitôt la séance de pilotage terminée, ce n’était pas son genre de faire pleurer les enfants ! Voyant que le petit garçon semblait attendre des instructions, Obi-Wan lui expliqua ce qu’il avait le droit de faire.

- Alors, tu tiens bien le volant et tu peux le tourner légèrement pour virer de bord. Si tu te sens en confiance avec le vaisseau, tu pourras appuyer sur la manette d’accélération pour aller un peu plus vite.

Ceci était dit, Obi-Wan fit partir le vaisseau à une allure modérée mais tout de même conséquente en appuyant sur la manette ; il était hors de question que son fils apprenne à conduire comme un escargot. Et puis, s’ils n’allaient pas assez vite, le petit bouchon allait s’ennuyer… Prudent, Kenobi restait prêt à reprendre le volant dans ses mains pour rattraper la situations si son fils perdait le contrôle ou faisait une bêtise… Bien sûr, il aurait pu lui proposer d’aller visiter une planète en particulier, mais c’était une idée à exclure. Pourquoi ? Ah, très simple : imaginez qu’un croiseur Impérial soit à proximité de cette planète ! En effet, même si elle n’était pas ralliée directement à l’Empire, aucune des planètes ne se trouvait en totale sécurité et l’Empereur déployait de plus en plus de Siths pour corrompre ceux qui demeuraient encore fidèles à la République. Et puis, comme terrain de pratique, c’était bien mieux là où il n’y avait personne. En fait, Obi-Wan aurait dû emmené Hayley ici lors de sa première leçon de vol… A présent, c’était trop tard, on ne peut pas refaire le passé, et c’est un fait bien regrettable. Bien entendu, il aurait pu se rattraper maintenant et reprendre le pilotage sur de bonnes bases, mais il n’en avait vraiment pas envie… Le but d’Obi-Wan était de vivre ; or, monter dans un vaisseau piloté par Hayley revenait à une déclaration de suicide express, et foncièrement douloureux qui plus est. Obi-Wan ne pouvait pas prendre le risque de mourir, que ce soit physiquement ou mentalement à cause du stress engendré, puisqu’à présent, il avait la chance de pouvoir s’occuper d’Oliver. Est-ce que le garçon savait à quel point Obi-Wan l’appréciait ? C’était peu probable. Peut-être devrait-il lui dire… Oui, un jour. Pourquoi pas maintenant ? Après tout, quel moment pouvait être plus propice à une déclaration d’affection de la sorte ? Et puis, il n’y a pas de moment parfait pour dire à son fils qu’on l’aime ; il suffit de le dire autant de fois qu’on le peut, pour rattraper les erreurs passées et construire un avenir radieux.

- Tu sais Oliver, ça me fait très plaisir que tu me fasses confiance. Tu peux me faire confiance, je te le promets. Je tiens beaucoup à toi bonhomme, tu le sais ça ? En fait, je t’aime même beaucoup… Tu sais ce que c’est l’amour ? Maman t’en as parlé déjà ?

Terrain dangereux. Oh oui, que c’était risqué de s’aventurer sur ce sujet… Hayley allait le dégommer s’il disait ne serait-ce qu’un mot de travers à propos de « l’amour ». Mais bon, elle avait dit de ne pas parler de la mort. Or, l’amour, ce n’est pas la mort. Donc, d’un point de vue purement technique, il avait le droit de parler d’amour. Surtout qu’il ne l’incitait pas à la débauche ou quoique ce soit. Juste une évocation de l’affection poussée que les parents sont habilités à ressentir pour leurs enfants. Un amour sain, propre, et admirablement éternel. Voilà ce qu’il promettait à Oliver : de l’aimer pour toujours. Aimer, c'est-à-dire à la fois chérir et protéger. Oliver était son fils, et par l’absence de Satine, il devenait presque son fils unique. C’est sûr que Kenobi avait mis un certain temps à intégrer cette donnée, mais à présent plus rien ne pouvait l’empêcher de passer du temps avec son enfant… D’autant plus qu’Oliver semblait apprécier ce moment qu’ils partageaient tous les deux en ce moment. Et ce, malgré l’absence de sa mère.

So Hard To Say It...

Dans les vieilles histoires des Anciens, on raconte que la vérité sort toujours de la bouche des enfants. Inutile de dire qu’Obi-Wan avait toujours trouvé cela ridicule. C’est vrai, comment un enfant innocent, étranger au monde qui l’entoure, pourrait en savoir plus qu’un adulte rempli d’expériences diverses ? Dans l’esprit du Grand maitre Jedi, il était tout bonnement impossible qu’un gamin puisse être porteur de toutes les vérités possibles. D’autant plus que les enfants passent habituellement leur temps à mentir ; que ce soit pour éviter d’être puni, ou pour avoir le droit de sortir plus tôt, ou même pour un bonbon. Un gosse ferait n’importe quoi pour une friandise quelconque si on le lui demandait. Toutefois, ce que venait de dire Oliver tendait à faire changer d’avis papa Kenobi. Oui, le petit avait raison : l’amour, c’est bien souvent trop compliqué. Aussi épatant que cela puisse paraitre, ce n’était rien d’autre que la vérité. Le petit garçon de seulement deux ans avait compris ceci alors que son père, âgé de… disons seulement bien plus vieux, avait toujours cherché à renier cette vérité. C’était une curieuse manie que possédaient bon nombre d’adultes… Camoufler pour mieux se mentir et continuer à vivre comme si de rien était. Tout ça pour quoi ? Eviter de souffrir. Seulement, tout ceci se trouvait teinté d’une extrême débilité. Comment pouvait-on vivre dignement sous un masque ? Non, la situation devenait rapidement intenable et désagréable. Le masque est lourd. La peau devient moite ; on a peur à tout instant que quelqu’un découvre l’existence dudit masque. Toutefois, cela ne l’empêche pas de se décoller. Et de tomber, inévitablement. Ainsi survient la catastrophe… Oh oui, son fils avait tout compris : l’amour c’est compliqué ; et pourtant, il aurait été difficile de concevoir une vie sans amour ni passion. Pas de Hayley. Pas de Oliver. A l’époque, Obi-Wan aurait songé qu’il n’existait pas une vie plus parfaite ; mais à présent qu’il connaissait son bonheur, il n’aurait modifié sa vie pour rien au monde. Pas même Satine.

Toujours suivre son cœur, quoiqu’il arrive. Toujours dire la vérité ; être franc par rapport aux autres mais surtout vis-à-vis de soi-même… Pour cela, il faut dire ce que l’on ressent ; mais aussi suivre son cœur. C’était tout aussi illogique que dégoûtant. Pourquoi Oliver avait déjà intégré cette notion alors qu’il avait fallu des années à Obi-Wan pour comprendre qu’il faisait fausse route et que ses idéaux grandioses étaient erronés ?!? Peut-être était-ce dû à l’éducation qu’il avait reçu, et donc aux valeurs de sa chère mère ? Ou bien ce petit garçon était tout simplement béni et il n’y avait rien de plus à rajouter. Oh si, il y avait tellement de choses à rajouter suite à la déclaration d’amour que venait de proférer le petit chéri ! D’abord étonné, Obi-Wan afficha une expression figée pendant quelques secondes ; puis, ce fut l’apothéose. Oliver l’aimait. Bon, certes, il avait précisé qu’il aimait aussi Hayley et il avait pris soin de la placer en tête de liste ce qui démontrait bien l’importance qu’il accordait à sa mère, et ce même dans son subconscient. Mais il l’aimait, lui, le père renégat qui avait décidé de le renier et de l’abandonner sur un coup de tête. A l’extérieur, Obi-Wan n’affichait qu’un simple sourire ; d’accord, un sourire énorme qui exprimait de la réelle joie. Peut-être même plus de joie qu’il n’en avait jamais eu auparavant. Mais à l’intérieur, tout prenait des dimensions gargantuesques ; c’était comme une sorte de feu d’artifice qui ne s’éteint pas et qui redouble d’intensité à chaque seconde qui s’écoule. Être un père, c’est vraiment cool. Être le père d’Oliver, c’est encore mieux que tout. Qu’est-ce qui serait plus cool que ça ? Oh, je ne sais pas moi, peut-être que le gosse sache qu’il était assis sur les genoux de son père en ce moment même…

Oui. Bonne idée ! Il allait le lui dire. Mais pas maintenant, il ne fallait pas gâcher un si joli moment… Alors que le petit garçon continuait de faire des expériences de manipulation avec son nouveau jouet, Obi-Wan resta là, avec son sourire béat à regarder les étoiles et à vérifier qu’Oliver n’avait pas de problèmes avec le vaisseau. Hayley ne le pardonnerait jamais si son enfant subissait un quelconque traumatisme, physique ou psychique. Et, en fait, Obi-Wan non plus ne s’en remettrait pas. Voilà pourquoi il fallait rester attentif. Ce n’est pas si difficile d’être attentif en vérité, il suffit d’y être accoutumé… Sauf, qu’encore une fois, Oliver venait renverser tous ses plans. A vrai dire, il était même étonnant que ce problème ne surgisse que maintenant… Le fameux nom de famille qu’ils partageaient tous les deux. C’était étrange qu’Hayley ne l’ai pas baptisé Daemon, comme elle ; peut-être qu’elle avait toujours entretenu secrètement l’espoir qu’il reviendrait pour reconnaitre l’enfant. Nooon ! C’était beaucoup trop idyllique et Hayley était vraiment dans un état trop pathétique pour voir la vie en rose à l’époque. Cependant, Kenobi ne pouvait s’empêcher de se demander par quel miracle le petit garçon surdoué n’avait pas remarqué cette coïncidence un peu plus tôt… Pourquoi Hayley n’était jamais là quand on avait besoin d’elle ? Au pire, Obi-Wan pouvait faire ce qu’il maitrisait au plus haut niveau : esquiver la question et faire semblant de n’avoir rien entendu !

- Tu as raison Oliver, c’est compliqué l’amour…

Oui, vous pouvez le dire, c’était lâche, très lâche, et même extrêmement lâche de la part d’Obi-Wan. Toutefois, il fallait essayer de le comprendre tout de même : qui aurait envie de perdre la face devant le trésor de sa vie ? Obi-Wan soupira. C’était trop difficile pour lui. Kenobi était tellement tenté de l’inciter à poser toutes ces questions à sa mère ; Hayley saurait quoi dire. Hayley savait toujours quoi faire, qu’importe la difficulté de la situation qu’elle avait à affronter… Hayley aurait répondu franchement à son fils, car elle haïssait le mensonge autant qu’il est possible de le faire. Encore une erreur de la part d’Obi-Wan. Mais il pouvait encore se rattraper non ? Après tout, les intentions d’Oliver n’étaient pas si mauvaises qu’elles en avaient l’air. Le petit garçon souhaitait simplement connaitre la vérité ; comme quoi cela tenait toujours autour de cette notion. C’était plutôt légitime, il s’agissait d’une chose toute simple. Pourquoi ne pouvait-il pas dire son nom de famille ? Oh, mais car des gens à l’âme sombre contacteraient des agents de l’Empire qui tenteraient d’enlever le gamin afin d’effectuer un chantage conséquent. Attirer le père et la mère dans un piège. Ou tenter de corrompre l’enfant. Est-ce qu’Obi-Wan pouvait réellement dire ceci à son fils sans que celui-ci ne se mette à faire des crises de panique et des cauchemars à chaque nuit ? Non. Il allait devoir trouver autre chose, une autre raison. Quelque chose qui l’impliquerait lui aussi. La vérité, toute la vérité.

- Mon nom est Kenobi, en effet, tout comme le tien. Tu as raison de te demander pourquoi, c’est bien de poser des questions Oliver. On est plus fort lorsqu’on connait les réponses, en général. Mais tu sais, parfois il arrive que savoir la vérité soit assez douloureux. Tu comprends, ça peut faire de la peine. La peine, c’est quand tu as très mal un peu partout, surtout au cœur. Il n’y a pas de médicaments contre la peine, tu sais…

Obi-Wan avait peur de faire mal à son fils. Car oui, le gosse ne pourrait certainement pas échapper à la douleur de la révélation qui allait suivre. Sauf s’il ne comprenait pas ce qu’Obi-Wan allait lui expliquer. Mais ceci n’était pas réellement souhaitable. Si Oliver n’arrivait pas à saisir la vérité et ce que cela impliquait, il pourrait se méprendre. Ou pire encore : poser plein de questions, à tout le monde, jusqu’à ce que la situation devienne gênante. Peut-être même qu’il irait poser ce genre de questions à Hayley… Et cela lui ferait de la peine. Comprenez bien, si Oliver se mettait à la questionner là-dessus c’est qu’Obi-Wan avait ouvert le sujet mais n’avait pas eu le courage d’aller jusqu’au bout. Et Hayley allait encore pouvoir le blâmer, à juste titre. Non, Kenobi devait continuer. Evidemment, Oliver souffrira et il n’aura pas d’autres choix. Mais avec le temps sa blessure aura une chance de se refermer et il aura peut-être l’opportunité de vivre une vie normale, comme les autres enfants qu’il semblait tant envier. Par exemple, en se présentant avec son nom de famille en complet. Quoique, à bien y réfléchir, Oliver ne pourrait jamais être quelqu’un de normal. Mais au moins, il serait bien entouré ; et il n’y aurait plus de mensonge. A cause du stress occasionné, les mains d’Obi-Wan étaient devenues toutes moites… Avant de reprendre, il embrassa doucement la tête de son fils et prit une longue inspiration. D’ordinaire, il se sentait plutôt calme lorsqu’il disait quelque chose de vrai : mais là, tout prenait une importance démesurée parce qu’il s’agissait de son fils. Avec Oliver, il n’avait plus le droit à l’erreur, il en avait déjà bien trop fait.

- Est-ce que tu sais pourquoi ça s’appelle comme ça un « nom de famille » ? C’est très simple je vais t’expliquer : lorsqu'on a un lien de sang, on a le même nom de famille. Parfois, une maman a le même nom de famille que son fils, mais ce n'est pas obligatoire. Alors, le papa donne son nom de famille à son enfant, c'est pour ça qu'ils ont le même. Un enfant a une maman, et un papa, c’est comme ça. Toi, tu es l’enfant, Hayley est ta maman, et moi je suis ton pa…

Malgré toute sa bonne volonté du monde, Obi-Wan ne parvint pas à terminer son explication. De toute façon, cela ne changerait pas grand-chose et Oliver avait forcément compris. Après tout, Oliver était plutôt futé pour son âge et papa Kenobi en avait dit largement assez pour permettre à son cerveau d’intégrer cette cruelle vérité. Quoique, en fait, le pire restait probablement à venir. Un jour, Oliver demanderait pourquoi son père n’avait pas été là durant son enfance… La seule chose qu’Obi-Wan pouvait espérer, c’était que cette question surgirait le plus tard possible, quand cette erreur serait classée dans les archives et qu’Hayley serait prête à l’épauler. Mais pour qu’il puisse poser cette question un jour, il fallait qu’il accepte encore de parler à son père. Oliver pourrait très bien lui en vouloir et le renier à son tour, après tout, cela ne serait que parfaite justice. S’en vouloir ne servait absolument à rien et pourtant Kenobi ne pouvait pas s’empêcher d’entretenir de terribles remords. Par sa propre faute, il allait faire souffrir son fils de la même manière qu’il avait détruit sa mère. Sauf qu’Oliver est bien plus jeune, et donc le crime était encore plus horrible avec lui. Le maitre Jedi passa la main dans ses cheveux et s’appuya contre le dossier et l’appui-tête du vaisseau. C’était juste horrible, comme s’il s’apprêtait à se faire juger.

- Tu as le droit de me détester, Oliver. Je suis désolé…

Désolé de quoi ? D’absolument tout en fait. Mais qu’est-ce qu’il pouvait bien dire de plus ? Supplier son fils de l’excuser ? Non, non, il ne le prendrait pas par la pitié, pas lui. Oliver avait le droit de choisir tout seul ; il devait avoir le droit de décider s’il voulait l’accepter comme son père ou non. Hayley aurait dû être là, tout aurait été plus simple. Elle aurait expliqué la situation à Oliver, et elle l’aurait rassuré sur le fait que cela ne changerait absolument rien, que tout serait comme avant. Après quoi, elle aurait fait un câlin à Obi-Wan, et elle lui aurait même murmuré à l’oreille que c’était bien et qu’elle était fière de lui… Ah, comme c’était beau les rêves. Mais Hayley n’était pas là. Pour une fois dans sa vie, elle n’était pas là pour lui alors il allait devoir se débrouiller seul.

What Does A Father Do ?

- Ça fait quoi un papa ?

Comment répondre à cette question sans traumatiser complètement le petit garçon ? Comment lui expliquer quelque chose qui risquait de le rendre triste ? Déjà qu’il paraissait triste avant d’entendre la réponse… C’était de la faute d’Obi-Wan. S’il n’était pas parti, il n’aurait pas eu à enduré de telles situations inconfortables. Et là, sûrement qu’il avait mal expliqué quelque chose. Peut-être avait-il utilisé un mot partiellement déplacé, ce qui entrainait l’incompréhension partielle ou totale de son fils. Trop de peut-être. Oliver aimait les réponses claires, qu’on lui explique calmement les choses, sans rien oublier et en exposant absolument tout ; en bref, exactement ce qu’Obi-Wan n’avait pas fait. Des sous-entendus du genre, n’importe qui aurait pu les comprendre. N’importe qui excepté le petit garçon blond, ce qui ne faisait qu’augmenter l’inconfort du grand Jedi. Et puis, il y avait ses deux petits yeux qui le fixaient intensément, attendant une réponse qui devrait être réconfortante. Oui, il devait répondre à cette question. Mais le problème, c’est que lui, il ne savait absolument pas ce que cela faisait un père normal. Jusqu’à présent, il semblait bien qu’il avait eu faux sur toute la ligne : un père n’abandonne pas son enfant, voilà la seule chose dont il pouvait être certain. Mais pouvait-il réellement lui dire ça ? Non. Hayley le tuerait si jamais elle apprenait ceci. Déjà que le risque était présent vu qu’il avait presque fait pleuré son petit trésor ! Est-ce qu’Obi-Wan avait le droit de laisser couler les larmes lui aussi ? Non, Oliver était bien trop sensible aux changements d’atmosphère pour qu’il puisse se le permettre. Il ne lui restait plus qu’à trouver quel était son rôle en tant que père. L’emmener voir des matchs de sport, lui apprendre à draguer les filles, mentir à sa mère pour lui permettre de rentrer plus tard le soir, lui offrir ses premiers préservatifs… Oh non, on ne dit pas ça. Même pas car il ne voulait pas affronter Maman Grizzly à son retour (même s’il fallait bien avouer qu’il y avait un peu de ça), mais car il ne se sentait absolument pas prêt à expliquer à son petit ange ce qu’était précisément un préservatif et tout ce qui pouvait s’en suivre. Bien, mais s’il ne pouvait pas dire ça, il fallait qu’il trouve d’autres caractéristiques et vite, avant que la situation ne vire à la catastrophe (oui, une crise de larmes est une catastrophe lorsqu’on ne sait pas la gérer).

- Déjà, il faut que tu saches qu’un papa n’est pas si différent d’une maman. Comme la maman, le papa sera toujours là pour son enfant… Et, si jamais il fait des erreurs, il fera toujours tout pour les réparer.

Ce n’était probablement pas ce que le petit Kenobi espérait entendre, mais pour une question aussi difficile, on pouvait qualifier cette tentative d’une assez bonne entrée en matière. Oliver avait confiance en sa maman et elle était à coup sûr la personne qui comptait le plus à ses yeux ; de par ce fait, s’il lui expliquait qu’il n’était pas différent d’elle, il devrait réaliser qu’un père aussi incarne une figure primordiale dans l’éducation d’un enfant. Oliver était un garçon très intelligent, il comprendrait très certainement cela. A présent, Obi-Wan devait trouver quelles étaient les tâches prédéfinies d’un papa en fonction. Allez, cela ne devait pas être si compliqué, il avait juste à se rappeler comment il avait agi avec Hayley lorsqu’elle n’était qu’une limace baveuse rampante et disgracieuse. Ou même ce qu’il avait dû faire lorsqu’ils avaient eu la garde de Kat-Lyn. Ou encore tout ce que Quinlan lui racontait à propos du jeune Korto (pourquoi ne lui avait-il pas prêté plus d’attention lorsqu’il lui avait parlé de ça… ?). En y réfléchissant un petit peu, un père pouvait faire presque tout ce qu’il voulait avec son fils du moment qu’il assurait sa sécurité physique et morale. Il n’y avait pas d’autres limites que celles de la décence. C’était exactement comme si il y avait une multitude de choix qui s’offraient aux parents ; après, c’était à eux de composer leur programme d’éducation. Oliver n’avait pas l’air d’être sorti souvent du Temple Jedi, il n’avait donc pas connaissance de tout ce qu’il pourrait bientôt faire en compagnie de ses parents.

- Un papa, ça fait des tas de trucs. C’est le papa qui va réparer ton vaisseau quand tu vas auras eu ton premier accident, c’est le papa qui va t’emmener dans des fêtes pour garçons, c’est lui qui vas t’écouter lorsque tu auras un problème mais que tu ne voudras pas forcément le dire à Maman, c’est lui qui va t’expliquer comment on fait pour bien se raser et c’est encore lui qui va te soigner lorsque tu te seras coupé… Un papa, ça emmène son fils au zoo, à la piscine, dans les parcs d’attractions, au bowling, au parc, en voyage et visiter les autres planètes. Un papa, c’est la personne qui va te conduire dans un club de sport, celui qui viendra à tous tes matchs et qui sera toujours prêt à t’encourager. Le papa, c’est le premier qui va t’applaudir quand tu vas à réussir, mais c’est aussi la personne qui va te réconforter et t’emmener manger une grosse crème glacée lorsque tu n’auras pas gagné. Un papa, ça fait à manger, ça aide à faire et le ménage et, en général, le papa aime la maman. Et puis, le papa peut faire plein d’autres choses… Parfois, ce sera celui qui va te punir car tu n’auras pas été sage ; parfois, ce sera lui qui t’apprendra à faire des bêtises et qui se retrouvera puni avec toi par la maman.

Dans le fond, c’était à peu près tout ce qu’il avait pu trouver. C’est sûr qu’il avait oublié des trucs mais Oliver devrait se contenter de cela pour le moment. Déjà, il devait s’interroger sur la signification de la plupart des mots qu’il venait d’entendre alors il n’aurait très certainement pas l’audace de demander si un papa ne pouvait pas faire plus que cela. Légèrement rassuré d’avoir trouvé quelque chose de conséquent à répondre, Obi-Wan se détendit considérablement et trouva la force de sourire à Oliver. Un sourire, voilà ce qui était rassurant pour un petit garçon tel qu’Oliver. Doucement, Obi-Wan plaça ses mains par-dessus celles, bien plus petites, de son fils, toujours sur le volant directionnel, il voulait partir d’ici. Papa Kenobi avait peut-être l’air plus détendu, mais ce n’était qu’une façade.II voulait être à côté d’Hayley, qu’elle le rassure, et qu’elle s’occupe de son fils. Elle avait toujours bien réussi cette affaire-là… Pourquoi n’avait-il pas attendu d’être rentré pour dire la vérité à Oliver ? Peut-être qu’il valait mieux être seul à seul pour révéler de tels secrets. Mais peut-être aussi qu’il ne fallait pas être seul trop longtemps après s’être débarrassé d’un fardeau pareil.

- C’est pas grave d’avoir un père tu sais Oliver. En fait, c’est même plutôt bien. Sûrement que Maman va être contente si tu lui dis. En parlant de Maman, je crois qu’on devrait rentrer pour pas qu’elle s’inquiète de trop, elle n’a pas l’habitude d’être loin de toi tu comprends…

Ils n’avaient pas vraiment eu le temps d’aller très loin dans l’espace alors le trajet du retour ne serait pas très long. En prenant bien attention de ne pas lui faire mal aux doigts, Obi-Wan tourna le volant de manière à faire demi-tour. Il fallait qu’il aille retrouver Hayley, qu’il se mette dans ses bras, qu’elle le rassure et qu’elle l’encourage. Et puis, il faudrait aussi qu’il prouve à son fils que c’était le fun d’avoir un père et qu’il pouvait plus ou moins assurer dans ce rôle.

Don't Cry, Please...

Sourire. Simplement sourire, garder son sang son froid et attendre patiemment. Qu’est-ce qu’il devait attendre au juste ? Ah oui, que son fils décide ou non de manifester une quelconque réaction. Que ce soit bien clair, Obi-Wan ne s’attendait pas à ce que le petit garçon lui saute dans les bras instantanément. Non, ça c’était impossible. Dans un premier temps, il s’agissait simplement de s’assurer qu’il ait bien compris ce qu’il venait de lui expliquer ; ou plutôt, tenter de lui expliquer… Non, honnêtement, le maitre Jedi avait peut-être un certain talent pour tisser des liens avec les jeunes enfants mais, en tout cas, il n’arrivait jamais à trouver les mots justes pour parler à son fils. Vous allez me dire que c’est car il ne le connaissait pas vraiment dans le fond puisqu’il l’avait abandonné de son plein gré alors qu’il n’était qu’un fœtus. Toutefois, les autres enfants n’étaient pas si différents de cette situation puisqu’eux non plus il ne les connaissaient pas. Un exemple ? Il n’avait jamais vu cet asticot gluant avant qu’elle ne vienne s’amuser à venir coller sa botte il y a bien des années ! Et pourtant, il avait décidé de la prendre sous son aile et de s’en faire une petite protégée, jusqu’à ce qu’il devienne lui-même son protégé. En fait, peut-être n’avait-il jamais eu de don avec les enfants et que le cas d’Hayley n’était qu’une simple exception dont le rôle se limitait à venir confirmer la règle. Oh, cela ne l’empêchait pas d’avoir une certaine affection pour tous ces petits héros miniatures mais avec Oliver tout devenait vraiment différent. Premièrement, Hayley le lâchait rarement des yeux, ce qui rendait les tentatives d’Obi-Wan de l’approcher plus ou moins… compliquées. Et puis, il n’y avait qu’Hayley qui savait parler à quelqu’un d’aussi innocent que lui. Oh, on parle bien d’innocent dans le bon sens du terme, innocent comme tout enfant devrait l’être à cet âge, sauf peut-être les enfants novices. Obi-Wan n’avait aucune idée de la manière dont elle avait procédé mais toujours est-il qu’elle avait réussi à le préserver de l’univers cauchemardesque qui l’attendrait par la suite. Et, par la même occasion, elle l’avait préservé d’Obi-Wan. Et, alors qu’elle lui donnait enfin une chance pour tout arranger, il se sentait obliger de venir tout saboter en ruinant le moral de son petit héros personnel. Car oui, aux yeux du général Jedi, il n’y avait personne de plus parfait que son fils. Sauf peut-être Hayley.

Et après, les foules venaient clamer que Kenobi était un héros. Les civilisations ont toujours accordé beaucoup d’importance à l’opinion publique, estimant que celle-ci avait une valeur non négligeable étant donné la puissance du nombre. Historiens et politiciens se trompent. La populace se contente d’absorber un mensonge et de le répéter sans vraiment chercher à en démêler le vrai et le faux, et c’est d’ailleurs bien regrettable. Les véritables héros n’étaient autres que ceux qui restaient logés dans l’ombre, œuvrant pour le bien et non pas pour la gloire. Ainsi, la plupart du temps, les vrais héros restaient de parfaits inconnus aux yeux des populations. Comme Oliver, pour l’instant tout du moins. En quoi Oliver était un héros ? De la même manière que chaque maman serait prête à se battre pour garantir que son bébé est le plus beau poupon que le monde ait jamais porté, chaque papa ne peut s’empêcher de considérer que son fils est un vaillant soldat. Un petit soldat qui participe à des combats dont il n’a pas connaissance, qui encaisse des coups sans comprendre pourquoi, et qui se relève dans la seconde pour recommencer de plus belle jusqu’à temps qu’il réussisse. Et dire qu’Obi-Wan avait manqué les premiers pas de son petit ange… Et ses premiers mots. Et son premier sourire. Et son premier rire. Et… à peu près tout en vérité. Se le pardonnerait-il un jour ? Non, bien évidemment que non ! Comment un homme pourvu d’une certaine morale pourrait décider que délaisser son fils sans aucun motif valable était « acceptable » ?! Alors, quand il était revenu, Oliver avait déjà grandement entamé sa formation de héros ; il n’était plus un bébé impotent mais un bambin en pleine évolution qui franchissait une à une les étapes de la vie. Cela faisait à présent six mois qu’il surveillait son apprentissage et pourtant, pas une seule fois il ne l’avait vu flanché. Non, jamais. Alors, pourquoi décidait-il de faire ça le seul jour où sa mère était dans l’impossibilité de le remettre sur pieds ? Son petit héros pleurait et lui, il ne savait juste pas quoi faire.

- Non, non, ne pleure pas ! Non, chut, pleure pas…

Est-ce que ses injonctions eurent un effet même minime sur le petit garçon ? Non. Est-ce qu’il les avait au moins entendues ? A vrai dire, Obi-Wan n’en était même pas certain. Et puis, d’abord, c’était quoi cette manie de devoir toujours dire à un petit garçon de ne pas pleurer ? Etait-ce parce que pleurer était considéré comme une activité essentiellement féminine (il est vrai qu’à voir le nombre de jours où Hayley pleurait, on ne pouvait que confirmer la rumeur…) ? Peut-être même car les parents avaient peur que le petit garçon s’effémine à un tel point qu’il n’ait jamais de petite amie et n’apporte jamais les petits-enfants tant attendus ? Ou bien encore car il ne s’agissait là que d’une coutume éducative débile que l’on trainait depuis des années… Etant parti trop jeune de chez lui, Obi-Wan ne pouvait pas se souvenir d’avoir entendu ou non cette fameuse phrase : « Ne pleure pas. Tu es un garçon et les garçons ne pleurent pas. Alors maintenant, arrête de pleurer ! ». Plus il y songeait, et moins cela ne prenait du sens dans sa tête. En fait, ce qu’il venait de dire à Oliver relevait vraiment de l’idiotie même. Pourquoi devrait-il interdire à son fils de pleurer alors qu’il était le coupable de ses sanglots ? Et surtout, alors que lui-même éprouver le besoin de pleurer de temps en temps pour évacuer tous les sentiments négatifs. Oh, voilà qu’il disait enfin quelque chose ! Sa maman. Il voulait sa maman. A vrai dire, Obi-Wan s’en était douté avant que le petit ait eu le temps de s’exprimer mais bon, c’était bien qu’il prenne la peine de dire ce qui n’allait pas. Quand on garde tout pour soi, on finit par exploser un jour ou l’autre et, la plupart du temps, ce n’est pas beau à voir. Obi-Wan devait se rattraper. Alors, en continuant de piloter aussi vite que possible tout en conservant une certaine sécurité, le maitre Jedi tenta de lui fournir une nouvelle explication, beaucoup plus tendrement, un peu comme si il essayait de fredonner une chanson qui n’en était pas une.

- Excuse-moi Oliver, ce que je viens de dire est une bêtise, tu as le droit de pleurer. En fait, c’est même très bien de pleurer, c’est mieux de laisser sortir les larmes que de les retenir à l’intérieur car sinon ça te fera plus mal au cœur… En plus, c’est pas méchant des larmes, tu as vu, c’est comme le shampooing pour les yeux, ça ne pique pas. Par contre, il ne faut pas pleurer pour un rien, sinon ça s’appelle des caprices et ce n’est pas bien de faire ça. Mais là, là, tu as le droit… On est presque arrivés, je vais aussi vite que je peux…

En même temps qu’il avait parlé, Obi-Wan était parti fouiller dans sa poche où se trouvait un communicateur silencieux qu’il avait pris au cas où il y ait une urgence, juste histoire de prévenir Maman Grizzly que quelque chose ne se déroulait pas comme prévu. Une fois qu’il eut localisé le petit boitier électronique, Obi-Wan avait appuyé dessus pour bipper le boitier de celle qui allait bientôt le tuer… Peut-être que s’il n’essayait pas de lui cacher que tout ne s’était pas déroulé comme prévu, elle abrégerait ses souffrances plus rapidement, enfin, il pouvait toujours rêver. Le Jedi ne lui laissa pas de message ; de toute façon, si elle cherchait à le localiser, elle verrait qu’ils arrivaient bientôt et elle ne chercherait donc pas à détruire tous les vaisseaux de l’Empire jusqu’à ce qu’on lui rende son fils. Quoique, avec elle, il convenait de s’attendre à tout… Et évidemment, alors qu’il venait à peine d’entrer dans le hangar, elle était déjà là, à attendre de manière assez impatiente à ce qu’il pouvait voir. En fait, il préférait ne pas trop regarder et faire semblant de se concentrer au maximum sur son atterrissage qui était devenu sa priorité principale, exactement comme si c’était le jour où il passait son permis de pilotage et qu’il voulait impressionner son inspecteur en lui prouvant qu’il était quelqu’un de sécuritaire et de précautionneux. Une fois le véhicule stationné, Obi-Wan ouvrit le cockpit et déposa sans plus attendre le petit garçon à terre. Petit garçon qui s’empressa d’ailleurs d’aller rejoindre sa mère en courant et en pleurant encore plus. Génial. Espèce de traitre. A cause de lui, Obi-Wan vivait actuellement les dernières minutes de sa vie. Obi-Wan, quant à lui, prit plus de temps pour quitter le vaisseau qui lui apportait une certaine protection contre la Hayley enragée qu’il voyait à présent en face de lui. Oh non, il était absolument hors de question qu’il s’avance, vous n’y pensez même pas. La distance de sécurité ne servirait peut-être à rien, c’est vrai, mais c’était pour le principe. Elle allait le tuer, l’égorger, l’étriper, le torturer peut-être. Et tout ça pour quoi, car il avait fait pleurer son petit trésor. Honte à lui…

Avant qu’il n’ait pu trouvé une excuse valable pour expliquer les larmes maudites du petit garçon, c’est Oliver qui prit la défense de son père face à sa mère, contre toute attente. Premièrement, il lui demandait de ne pas se fâcher contre lui, ce qui était une bonne chose puisque cela signifiait qu’Hayley devrait au moins attendre qu’ils soient seuls pour lui faire la guerre, ce qui lui laissait un petit temps de répits. Ensuite, il argumentait en faveur de la journée, de l’activité et même du comportement de son père ! Ah ! Voilà qui allait peser lourd dans la balance ! En fin de compte, ce petit gars était plutôt fin… Et enfin, il s’excusait pour les larmes. S’il n’avait pas déjà été porté par quelqu’un et que ce quelqu’un n’était autre qu’une personne qui devait actuellement lui en valoir vraiment beaucoup, Obi-Wan aurait voulu prendre son fils avec lui et lui faire un gros câlin afin de le remercier pour les compliments. Mais c’était impossible et de toute façon, il avait d’autres choses à se préoccuper pour le moment, comme par exemple… « Papa ». Oliver venait de l’appeler « Papa », pour de vrai. Oh, c’était bien plus qu’un surnom affectif pour Obi-Wan, cela signifiait que le petit garçon venait d’accepter qu’il était son père, et surtout, il venait de l’autoriser à l’être. La plupart des hommes deviennent des pères à la maternité, le jour de l’accouchement ; Obi-Wan venait de le devenir, là, maintenant, au milieu de ce hangar. Certes, il avait un peu de retard, mais mieux vaut tard que jamais non ? Alors, Kenobi ne pouvait s’inquiéter de ce qu’Hayley allait lui faire subir, il était bien trop euphorique à l’idée d’avoir enfin réussi à retrouver son fils, pour de vrai. Enfin, pas vraiment, il fallait encore faire modifier les papiers, mais cela ne poserait pas vraiment un problème. Et puis, de toute façon, rien ne pourrait freiner son enthousiasme en ce moment. Alors, c’est avec une joie non feinte et un sourire plus large qu’il ne l’avait eu depuis longtemps qu’il répondit à Oliver, si heureux qu’il en avait presque les larmes aux yeux.

- De rien Oliver ! Et puis, moi je n’ai rien fait du tout, c’est toi qui es un excellent pilote ! Maintenant que tu as un vaisseau, on pourras y retourner quand tu veux, enfin, dès que Maman sera d’accord pour qu’on y retourne… Oh, tiens, tu as oublié ton nounours dans le vaisseau !

Comme il n’osait pas encore s’approcher du la folle furieuse, Obi-Wan fit voler le doudou jusqu’à Oliver grâce à la Force. Bien sûr, ce n’était pas la plus belle des peluches que l’on pouvait trouver dans les magasins mais Oliver avait voulu la garder et cela lui ferait très certainement plaisir qu’un papa servait aussi à passer derrière lui pour vérifier qu’il n’avait rien oublié dans le vaisseau. Bon, à présent qu’il avait réglé la question du fils, il lui restait encore à convaincre la mère que tout allait vraiment bien et qu’il n’avait pas ensorcelé son fils ou je ne sais quoi d’autre afin qu’il prenne sa défense. Non pas qu’Obi-Wan soit capable de faire une telle chose (après tout, il ne connaissait absolument rien à la sorcellerie), mais Hayley le croyait très sûrement capable de toutes les abominations dès qu’il s’agissait de la sécurité morale ou physique de son fils. Rassemblant tout son courage, il fit quelques pas dans sa direction mais prit bien soin de rester à une distance raisonnable tout de même (ce qui signifiait qu’elle ne pouvait pas lui décocher une baffe en restant là où elle se trouvait). Après avoir pris plusieurs grandes respirations, il se lança enfin :

- Ce n’était pas prévu tu sais, le sujet est juste arrivé comme cela et je me suis dit que ce serait peut-être bien de le lui dire. Je n’ai sûrement pas aussi bien expliqué que toi tu l’aurais fait mais je crois qu’il a compris l’idée générale… Si j’ai fait sonné ton communicateur, c’est car il t’appelait et il voulait te voir, on était déjà sur le retour quand il t’a demandé. Sinon il a juste été parfait, comme d’habitude.

Oui, Obi-Wan avait trouvé le courage de la regarder dans les yeux, mais ne vous y trompez pas, c’était uniquement pour anticiper le moindre mouvement agressif qu’elle risquait de produire à son encontre. Ne sachant pas trop s’il devait se méfier ou aller lui réclamer un câlin, Obi-Wan se contenta de rester là, à attendre et à sourire de manière gênée avec son petit air coupable bien qu’il ne soit pour une fois coupable de rien. Que voulez-vous, on ne change pas les habitudes aussi facilement que cela. Et puis, après tout, il avait tout de même ramené le fils chéri en larmes, donc il avait forcément une part de responsabilité plus ou moins élevée à endosser dans cette affaire. Et, comme d’habitude, Hayley serait la juge. Serait-elle assez cruelle pour faire redescendre en flèche le moral de son petit ami ? Comment pourrait-elle faire ça ? Oh, mais c’était très simple ! Elle avait simplement à prétendre que ce qu’Obi-Wan venait de raconter à Oliver n’était qu’un gros mensonge et qu’il était très loin d’être son père. Alors, Kenobi aurait perdu le fils qu’il venait d’avoir. Oui, si elle le souhaitait, Hayley pouvait détruire sa vie. En fait, voilà exactement pourquoi il avait tant détesté l’amour dans le passé : confier sa vie aux autres n’est jamais une affaire aisée, et surtout pas en ce moment.